Cité coutelière et médiévale

Campée sur un éperon rocheux, face à la chaîne des Puys, la ville de Thiers surprend le visiteur par son architecture médiévale. Au détour d’une ruelle, les maisons à colombages, à encorbellements ou bien encore à tourelles se dévoilent… tout comme ses airs de Toscane au soleil couchant.

Édifiée sur les flancs escarpés de la vallée de la Durolle, entre montagne forézienne et plaine de la Limagne, elle est la figure de proue d’un pays fédérant quelque 130 hameaux qui tout comme elle, ont très longtemps vécu de la polyculture, de terrains viticoles, et vergers, mais aussi de clos et jardins…
Thiers a des airs de Cévennes, c’est un versant méridional patiemment gagné sur la nature sauvage, un escalier gigantesque surgi d’une histoire avant tout paysanne. L’abandon progressif de ce paysage jadis humanisé ajoute à la beauté grave des friches industrielles qui, dans l’ombre, bordent les contrebas de la Durolle depuis le quartier du Moutier jusqu’au « Bout du monde ».

Franchissant les ponts, gravissant les ruelles ou encore accostant des belvédères aux points de vue insoupçonnés, le promeneur se trouve confronté à un décor urbain singulier qui, partout, porte la trace d’un prodigieux effort chaque fois contrarié.
Tandis que les nouveaux quartiers de la ville moderne s’étendent dans la plaine, la cité historique des opiniâtres paysans-couteliers offre un écrin propice à la balade.

Sa géographie de l’à-pic, de l’étage et du vestige interroge… À Thiers, comme partout ailleurs, le rêve ne tient pas compte des dimensions du monde. C’est en ville basse, sur la rive gauche de la rivière torrentueuse, là où la vallée s’élargit vers la plaine, que débute l’histoire connue de Thiers. Un bourg mérovingien, sans doute déjà réputé pour ses foires, s’agrège autour d’un lieu de culte qui veille sur les reliques de saint Symphorien. Détruite dans la première moitié du VIe siècle, Thiers est reconstruite et s’agrandit en rive droite, sur l’éperon rocheux. Ce choix défensif fonde l’essor de la cité médiévale. Tandis qu’au bord de l’eau, le site primitif passe dans l’orbite de Cluny, la ville haute s’organise, autour de l’église Saint-Genès et du château féodal des seigneurs de Thiers.

Au point de contact de l’Auvergne et du Forez, passage obligé entre Lyon et Clermont, les seigneurs de Thiers sauront nouer des alliances propices et garantir leur indépendance. Cette résistance a dû conférer aux Thiernois leur singulier caractère frondeur. Dès le début du XIVe siècle, l’essor des techniques permet la domestication de la Durolle. Sur un solide substrat agricole, la ville inaugure l’âge industriel.

Au premier « marteau à fouler les draps », aux tanneries, succède l’essor de la métallurgie et de la papeterie. C’est sur la parfaite maîtrise de ses savoir-faire que la cité construit sa solide réputation de ville industrieuse. Un florissant commerce thiernois se développe, trouvant des débouchés dans l’ensemble de l’Europe occidentale et aux Amériques.
Vers le milieu du XIXe siècle, la majorité des couteaux de paysans de France provient des ateliers de Thiers. La cité coutelière est à cette époque en pleine phase d’industrialisation.

En effet, l’augmentation de la demande des couteaux fermant par les classes populaires génère de fortes commandes que les petits fabricants locaux ne peuvent satisfaire. Ces derniers se tournent alors vers les fabriques thiernoises qui réalisent près de 50 modèles différents de couteaux régionaux. Le couteau de région porte alors généralement le nom d’un territoire (le Corse, le Montpellier, le Rouennais, le Laguiole…), ou celui de leur inventeur comme le « Pradel ».

Thiers s’impose toujours actuellement comme la capitale nationale de la coutellerie ; en effet, l’industrie thiernoise fabrique près de 70 % des instruments tranchants produits en France. Elle revendique également le statut de capitale mondiale par les huit siècles qui ont forgé son histoire coutelière.

Aujourd’hui, le bassin thiernois vit donc toujours de la coutellerie. Sur ce terreau de savoir-faire (travail du métal et de la corne) est cependant née au XXe une diversification industrielle et artisanale, principalement dans les domaines de la forge (pièces automobiles, prothèses chirurgicales, traitement de surface…) et de la plasturgie.

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